Extraits du livre

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le long du ruisseau de Corps, quand la lumière se fait pluie

 

Murmures…

 

Il faut savoir écouter et traverser les silences apparents pour surprendre l’infime respiration d’un lieu, ses secrètes palpitations, ses murmures ineffables. S’ouvrir à cette sensation en s’y laissant couler lentement, apprivoiser ce privilège sans arrière pensée.

 

L’affinité avec un lieu crée un échange, un dialogue qui se développe et nous habite quand nous sommes au lieu que nous aimons.

La vie bruissante de Lus est là. Il suffit de sortir, de marcher même au hasard, pour que se noue le dialogue. Etre en résonnance avec le paysage alentour jusqu’à se confondre avec lui. Ne plus penser, juste laisser le regard s’échapper sur une ligne de crêtes, sur la courbe gracieuse d’un sentier, sur l’onde claire d’un ruisseau…

Que dire de cette fleur rencontrée sur le chemin, de ce sanguin qui affleure de la mousse, de ces mille rencontres faites par nous, promeneurs infatigables d’ici ? Nous dont le cœur palpite pour ce lieu de ressourcement et de joie !

Voici que, marchant sur le sentier qui longe le torrent de Corps, je me trouve soudain happée par un spectacle saisissant. Le soleil qui filtre au travers des conifères surplombant le torrent, décompose sa lumière en de multiples faisceaux qui s’abattent comme une pluie de lumière.  Dans l’humidité du matin ces rayons sont animés d’une douce vibration.  

Je reste immobile, émerveillée. La forêt murmure, je l’entends !

 

 

Terre de lumière

A Lus, on célèbre la lumière dans tous ses états et on y éprouve sa plénitude.

Une autre dimension de l’espace lumineux se dévoile, une intensité puissante qui, portée à son comble, semble baigner le paysage au même titre que l’eau.

Il y a des lumières qui transfigurent le paysage tout entier et d’autres plus discrètes jaillies comme une étincelle du cours d’un torrent ou rencontrées, comme une émanation fumante, en plein cœur de forêt. Des clins d’œil de lumière comme des trémolos modestes dans la grande symphonie du paysage

Le paysage en proie à la lumière changeante des saisons…

Au printemps, elle est fraîche et parfois crue. Sur les ruisseaux bondissants, au sortir de leur gangue de neige, elle scintille joyeusement. Quand l’herbe tendre, sur les flancs des montagnes, reverdit à nouveau, elle sait nous émouvoir en jouant des nuances du jade et de l’émeraude. Le ciel devient brillant, radieux et une sorte de gaieté semble flotter dans l’air. La lumière s’éveille, s’étire comme un chat, emplit l’espace. Certes, fugitive elle reste, guettée par l’ombre et la nuit, mais prometteuse, gorgée d’espérances sucrées, la promesse du renouveau !

Et puis vient l’été dans la lumière accrue qui grignote les nuits, allonge les matins.

La lumière règne. Parfois implacable, violente, sans nuance. Il faut la goûter après le lever du soleil ou attendre le soir pour la voir fondre dans des tons mordorés, puissants comme la robe d’un beau vin blanc liquoreux. C’est alors qu’elle semble pouvoir faire échec à la nuit et prolonger l’heure soudain immobile à force de beauté.

La lumière d’automne, après la longue maturation de l’été va livrer des ciels d’une intensité exceptionnelle, comparables à ceux de la Méditerranée. Le calme est revenu. La nature libérée des ardeurs du soleil paresse sous le bleu de cobalt de la voûte céleste. Toutes les couleurs se saturent. On n’en croit pas ses yeux !

La lumière, au faîte de sa plénitude, exalte souverainement la beauté du paysage.

Tout devient beau, quand on marche baigné dans cette lumière limpide, qui nous donne envie de dire « merci ».

En hiver, la lumière conserve cette beauté quand le ciel devient une toile bleue immaculée tendue au-dessus des sommets encapuchonnés de neige, même si la lumière semble plus figée et plus froide sous l’étreinte du froid vif.

Vivre dans la lumière quand elle est au zénith de son intensité est une véritable bénédiction.

A Lus, nous connaissons ce privilège et nous en mesurons le prix.

 

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